- BEN BARKA (AL-MAHDI)
- BEN BARKA (AL-MAHDI)BEN BARKA AL-MAHDI (1920-1965)Issu du petit peuple de la médina de Rabat, al-Mahdi ben Barka, servi par d’exceptionnelles qualités intellectuelles et par une opiniâtreté exemplaire, prépare l’agrégation de mathématiques lorsque l’action politique le requiert et l’accapare. Il s’impose vite par l’étendue de ses connaissances, sa capacité d’analyse et son pouvoir d’entraînement. Dès sa jeunesse, il a été celui qui explique et le pédagogue percera toujours sous l’homme politique. Au sein du parti de l’Istiql l dont il signera le manifeste en janvier 1944, il ne tarde pas à occuper une place de premier plan dans la lutte pour l’indépendance nationale et la monarchie constitutionnelle. Avec Ben Barka, porte-parole du peuple des médinas et des campagnes dont il connaît la maturité, une nouvelle classe sociale fait son apparition sur la scène politique marocaine. En 1954, en effet, après trois années de détention, Ben Barka constate l’heureux changement dans la lutte nationale, devenue non plus la seule affaire d’un état-major mais celle du peuple. Toutefois, l’indépendance du Maroc une fois acquise (1956), des divergences longtemps refoulées se font jour entre les tenants d’une conception aristocratique du parti et ceux qui, comme Ben Barka, ne le conçoivent que populaire. Il décline toute fonction gouvernementale, acceptant seulement un siège à l’Assemblée consultative qui lui paraît un relais possible pour une action en profondeur; il en deviendra président.Le conflit qui éclate au grand jour en août 1958 provoque la scission: le vieil Istiql l d’‘All l al-F s 稜 et le Néo-Istiql l dont Ben Barka est un des dirigeants vont s’affronter pendant un an. Ce dernier donnera naissance, au mois de septembre 1959, à l’Union nationale des forces populaires (U.N.F.P.). Accusé de complot contre la personne du prince héritier, Ben Barka, en déplacement à Genève, renonce à rentrer à Rabat. Il s’emploie, du dehors, à la formation des cadres de l’U.N.F.P. et engage celle-ci dans les organismes du Tiers Monde. Après la mort de Mu ムammad V, le roi ネasan II multiplie les appels à l’union et Ben Barka rentre au Maroc (mai 1962). Toujours soucieux de l’organisation du parti, il sillonne le pays. Le 15 novembre, entre Casablanca et Rabat, il est l’objet d’un attentat présenté officiellement comme un accident. Il décide alors de se faire soigner à l’étranger et s’exile pour la seconde fois. Au printemps de 1963, il est, bien qu’absent, élu député des Carrières centrales, circonscription du fameux bidonville de Casablanca. En octobre 1964, lors de la «guerre des frontières», il prend parti pour l’Algérie contre le Maroc et se voit condamné à mort par contumace. Trois années s’écoulent, au cours desquelles Ben Barka accomplit, sous passeport diplomatique délivré par les autorités algériennes, ses missions «tricontinentales». Bouc émissaire à qui l’on imputait la responsabilité des désordres et des mécontentements, mais considéré néanmoins comme l’homme nécessaire à l’instauration d’un ordre politique fondé sur l’adhésion populaire, Ben Barka est à la fois indispensable et gênant. Il devait disparaître le 29 octobre 1965, en plein Paris, victime d’une conjuration préparée selon toute vraisemblance à l’instigation du général Oufkir, alors ministre marocain de l’Intérieur, et dans laquelle ont été impliqués un certain nombre de complices ou exécutants chérifiens et français. La condamnation (par contumace) du général Oufkir à la réclusion criminelle à perpétuité (juin 1967) affecta un moment les rapports entre la France et le Maroc. Le roi ネasan II devait, pour sa part, le déplorer, après s’être déclaré «outré et révolté» par la disparition de Ben Barka.
Encyclopédie Universelle. 2012.